mardi 30 octobre 2007

Quelques remarques à propos de l’islam des interdits, Caroline Fourest et Daniel Pipes

En réponse aux critiques de ProChoix à l’égard des propos tenus contre Rachida Dati, Anne-Marie Delcambre a publié un article intitulé « Salir une islamologue » Mais la lecture de cet article, loin de convaincre, laisse plutôt penser que : Anne-Marie Delcambre n’a rien compris aux critiques qui lui étaient adressés. Ou que l’islamologue a volontairement déplacé le débat pour tenter tant bien que mal de noyer le poisson. Volontairement ou non, Delcambre a très mal lu le billet de Caroline Brancher. Car Caroline Brancher n’a jamais écrit nul part que l’amalgame islam/islamisme était un racisme comme Delcambre l’affirme de manière mensongère.
L’amalgame islam/islamisme n’est pas du racisme mais peut être utilisé à des fins racistes ce qui, Delcambre devrait en convenir, est un petit peu différent : Robert Redeker a utilisé cet amalgame pour attaquer les dogmes de l’islam selon la tradition anti-cléricale de la France. Il n’a jamais attaqué les musulmans en tant que groupe de personnes. Redeker n’a fait donc qu’user de son droit constitutionnel à la liberté d’expression : c’est pour cela que Caroline Brancher le soutient. Qu’il soit de gauche ou de droite n’entre pas dans l’équation.
Inversement, si Caroline Brancher a attaqué le site raciste France-échos, ancien partenaire du site libertyvox, c’est parce que l’amalgame islam/islamisme servait bel et bien à encourager à la haine et à la ségrégation des arabo-musulmans. Les nombreux dérapages de ce site sont là pour le rappeler (lire les articles de Caroline Brancher sur ProChoix)

Mis à part cela, que dire de la thèse défendue par Anne-Marie Delcambre dans son ouvrage « l’islam des interdits » où elle affirme qu’« entre l’islam et l’islamisme, il n’y a pas de différence de nature mais de degré » ?
A travers une vingtaine de chapitres où Delcambre pointe du doigt tout ce qui pose problème dans l’islam des textes, cette thèse a le mérite, dans le contexte de l’après 11 septembre, de lancer un débat sur l’islam mais également de rétablir une certaine vérité sur le contenu du Coran que les adeptes du politiquement correct tentent de voiler. Si il y avait quelques remarques à faire sur cette thèse, ce serait avant tout par rapport à des considérations stratégiques. Dans un climat déjà propice aux crispations identitaires, comment cette thèse peut-elle être audible auprès des musulmans modérés c’est à dire les musulmans qui rejettent les sourates caduques incitant à la haine, acceptent pleinement la séparation du politique et du religieux, l’égalité des sexes, l’égalité entre tous les croyants et non croyants ? Ces musulmans laïques et modernes existent et peuvent être de précieux alliés dans la lutte contre l’islamisme et le terrorisme. D’ailleurs, cet état de fait est loin d’être ignoré dans le milieu des néoconservateurs. Tout récemment, Daniel Pipes, chroniqueur du New York Sun et du Jerusalem Post, soutenait les musulmans qui ont manifesté pour le maintien de la laïcité en Turquie. Daniel Pipes affirme qu’il faut soutenir ces musulmans laïques car c’est grâce à eux qu’une réforme de l’islam sera possible dans le monde arabo-musulman. Et pour cause, Daniel Pipes défend l’idée d’un islam modéré qu’il faut encourager pour contrecarrer l’islam radical.

Sur ce point précis, la position de Daniel Pipes (que Delcambre loue d’ailleurs comme étant un « grand islamologue ») n’est finalement pas très différente de celle de Caroline Fourest. En effet, Caroline Fourest pense que, entre les mains des musulmans laïques, l’islam pourra se réformer et devenir l’extrême opposé de la violence des textes coraniques. Comme elle l’a très justement rappelé au cours de l’émission qui lui a valu en retour tout un quolibet d’insultes sur libertyvox, la violence de la Bible hébraïque n’a jamais empêché les juifs de compter aujourd’hui parmi les plus ardents défenseurs de la laïcité. Amusant donc de voir Delcambre, qui loue pourtant Daniel Pipes, insulter Caroline Fourest parce qu’elle défend l’idée d’un islam laïque. Notre islamologue aurait-elle un "regard hémiplégique" en ne voyant que ce qui est à droite ? C’est à craindre.